Regards sur le passé à Lebetain…

Il y a 100 ans, à Lebetain, petit village du haut Rhin

En 1920 il n’y avait guère plus de 50 habitations pour 230 lebetinois en comparaison, aujourd’hui, il y a environ 180 habitations pour 420 habitants. A l’époque, le nouveau Maire, Mr Bélet Jules fils, 38 ans, fraîchement élu (10 décembre 1919) pris la succession de Mr Moreau Alphonse après un mandat de 7 ans et demi. Son suppléant, adjoint, Mr Meyer Albert de 46 ans remplace Mr Marchamps Augustin.

A leur première réunion, le 10 janvier, une ligne de dépense de 704 Fr a été votée, soit le tiers de ce qui reste à payer des 5520 Fr du monument en l’honneur des enfants mort pour la France et notre liberté, commun aux deux communes de Lebetain et Saint Dizier L’Évêque. La souscription publique ayant fournie une somme de 3440 Fr, le reste à payer de 2112 Fr a été réparti par accord entre les communes : 1/3 pour Lebetain et 2/3 pour Saint Dizier L’Évêque.

Avec un budget avoisinant les 30 000 Fr (en conversion 28000 €), la commune n’avait guère pour entretenir et développer notre village. En 1920, l’eau était distribuée, l’électricité n’était pas encore arrivée et de plus, la commune devait assurer l’assistance et l’aide médicale gratuite aux vieillards, infirmes, femmes en couches et familles nombreuses selon la loi du 5 avril 1884. Elle devait allocation aux vieillards et famille nombreuses (7 Fr/mois).

La guerre avait coûté à la commune, mais elle fût tout de même modestement généreuse en dons pendant celle-ci, que ce soit aux orphelins des armées, aux prisonniers de guerre, aux enfants de Lebetain sur le front à l’occasion des fêtes de Noël et du jour de l’an (8 Fr par soldat soit 240 Fr en tout) .Le crédit le plus surprenant a été une subvention communale de 20 Fr sollicitée par Mr le Préfet du Haut-Rhin pour l’envoi d’hôpitaux et ambulances aux armées Russe.

Depuis 1918, les allocations de cantonnement n’ont toujours pas été versées (frais de bois etc.). Les habitants n’ont toujours pas été indemnisés des frais de logis et de couvert aux soldats des 234 ème RG et 44 ème RG qui sont restés cantonnés de décembre 1918 à mars 1919 sur la commune. Il en est de même pour les régiments qui ont édifié la ligne défensive le long de la frontière (plan Ligne S bulletin municipal 2018)

Le territoire de Belfort, après avoir vécu la peste noire de 1330 (origine asiatique supposée), la grippe espagnole de 1919 ( h1n1 d’origine chinoise), dut faire face à la fièvre aphteuse (1 800 000 foyers en France) et Lebetain n’y échappa pas. Des mesures drastiques ont été prises pour le confinement total de tous les ovins, bovins, caprins et porcins ainsi que des mesures sanitaires et vétérinaires très strictes.

Le maire de l’époque avait d’autres devoirs et difficultés : il rénova une nouvelle acquisition immobilière rue du Coteau Français pour permettre de recruter un bon berger pour la commune. Il dut fixer le prix du pain au Kg sur la commune.

Indemniser :

  • le fontainier,
  • le sonneur de cloche civile,
  • l’instituteur qui donne des cours du soir aux adultes,
  • payer deux gardes champêtres dont un Mr Duprez François qui démissionna car il ne pouvait plus assurer sa fonction vu son grand âge (80 ans).
  • payer le cantonnier à la tâche,
  • un responsable de la bascule,
  • payer le déménagement de l’instituteur (et retrouver par ce fait un nouvel instituteur, qui assurait également la charge secrétaire de mairie),
  • payer une maîtresse de couture,
  • et pour finir trouver un nouveau gérant du téléphone qui n’était plus ouvert au public depuis le début de la guerre et dont personne ne voulait prendre la responsabilité (salaire 250 Fr ). C’est Mr Paul Ligier, père de soldat mort et d’un fils grièvement blessé, qui en prit la responsabilité. Les frais de déplacement de la ligne téléphonique ont été à la charge de la commune. Ce fut FROC Grey, La nièce de Paul LIGIER, qui sera porteuse de télégramme pour 25Fr/an.
Cabine de téléphone de Lebetain
Où était placée la cabine de téléphone de Lebetain ?

Mr Bélet et son conseil devaient faire face aussi à la hausse du prix du pétrole qui augmente les frais d’éclairage ,entre autre pour les cours du soir ; c’est pour cela que les réunions de conseil municipal se tenaient le samedi matin. Ils devaient aussi assurer l’entretien des voies rurales communales, participer à l’entretien de la voirie intercommunale, à l’entretien des bâtiments et matériels communaux (pompe à incendie, réservoirs, canal d’alimentation en eau, des 3 fontaines, des 3 lavoirs et planches en chêne pour les ménagères qui y lavent le linge…..) mais aussi participer avec Saint Dizier au frais d’entretien des bâtiments intercommunaux : l’église, le presbytère et le cimetière.

Ils devaient faire respecter la vitesse maximale de 19 km/h pour tout véhicule automobile motocyclette et bicyclette comprise sur l’ensemble de la commune et organiser le nettoyage et le remblai de la ligne défensive construite pendant la guerre.

Mais les difficultés avec l’administration restaient aussi une priorité pour la commune. En effet, la préfecture est sollicitée depuis 1913 pour que Lebetain soit de nouveau rattaché à la perception de Delle et non plus à celle de Beaucourt, à laquelle elle fut rattachée en 1910, celle-ci se trouvant bien trop éloignée et souvent fermée pour les lebetinois et que soit appliqué l’engagement pris par Mr le Préfet du Haut Rhin fin 1913 qui n’était toujours pas appliqué en 1920 : cela a été chose faite au 1er janvier 1922.

Pour faire face aux difficultés dues par la météo, 1919/1920 l’hiver ayant été très long avec une pluviométrie très importante , le conseil municipal avait décidé d’autoriser le ramassage des feuilles mortes dans la foret communale pour faire face à la pénurie de paille et de foin ainsi que pour le retard causé à leur nouvelle pousse.

Lebetain reprend les pourparlers entrepris en 1914 avec Saint-Dizier L’Évêque pour l’achat des prés et de la source du Taureau pour la somme de 7500 Fr, car malgré le remplacement d’une grande quantité de tuyaux alimentant les fontaines construites en 1882, celles-ci sont prêtent à s’arrêter car les tuyaux sont remplis par le tuf. De plus, l’eau qui alimente Lebetain depuis le val de Saint Dizier est bien souvent souillée et contaminée par des causes diverses.

Pour un budget de 25200 Fr, en 1923, la commune s’est engagée avec la Société des Forces Motrices du Refrain pour que l’électricité soit installée au village. Les coûts comportaient la construction d’une ligne Haute tension avec un jeu de sectionneur aérien, la construction d’un poste de transformation et d’un réseau de basse tension de 1,5 km.

La commune est encore à l’heure actuelle propriétaire de son réseau électrique, mais loue sa gestion et l’entretien à Enedis par l’intermédiaire du syndicat Énergie 90 qui regroupe toutes les communes du territoire de Belfort.

Les siècles passent et malgré tout les problèmes se ressemblent : pandémie, problème avec l’administration …, à croire qu’i n’y a que les gens et la météo qui changent.

Texte communiqué par Cyril Demouge


Voici une collection de 10 photos communiquée par Cyril

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